La dernière ligne droite avant le grand départ

L'heure n'est plus à l'entraînement, mais à la logistique.
"C'est la semaine des derniers préparatifs", a expliqué Neels Theric, de passage à Marseille. "Tous les concurrents européens amènent leurs véhicules au port de Barcelone cette semaine. Tout part pour un mois de mer jusqu'en Arabie Saoudite".
Pour lui, la pression monte avant de s'envoler pour un dernier stage de tests au Maroc. Sa principale inquiétude ? "Il ne faut pas se blesser, il ne faut pas tomber malade pour être dans les meilleures conditions possibles au départ de la course".

 

Un rêve de gosse, une histoire de famille

Cette passion pour le désert, Neels la tient de son père. "Mon père a participé deux années de suite au Dakar. C'était la course à cocher dans ma vie, je voulais la faire moi aussi", raconte-t-il. "J'ai grandi dans cet univers moto, avec un ADN moto. J'entendais mon père raconter toutes les anecdotes, les rencontres humaines...". Des histoires qui forgent une vocation, comme cette anecdote savoureuse : "Écraser une banane dans la boîte de vitesse pour faire office d'huile quand on avait tout perdu...".

 

Du "rookie" à pilote d'usine en un temps record

Le rêve a un coût : entre 80 000 et 100 000 euros pour un motard privé. Après deux ans passés à "récolter des fonds via des partenaires", Neels réussit son pari. Pour sa première participation, non seulement il termine la course, mais il signe un exploit : 18ème au général et premier "rookie" (débutant).

Cette performance lui ouvre les portes du monde professionnel. Il signe un contrat avec la marque chinoise Kove Moto. "C'est une jeune marque qui a 3 ans d'ancienneté, et moi ça fait 3 ans que je suis sur cette discipline. On progresse ensemble", se réjouit-il.

 

"12 heures de moto par jour" : la réalité d'une course hors norme

Derrière les images de paysages grandioses se cache une épreuve d'endurance extrême. Neels Theric décrit une journée type : "On part à 4h du matin du bivouac. On arrive à 7h30 au départ de la spéciale et on termine la journée vers 17h". Le tout en parcourant "entre 600 et 900 kilomètres par jour".
Pour un total de plus de 10 000 km en 14 étapes.

Le plus grand défi ? La fatigue. "Elle s'installe au bout de deux ou trois jours et elle est toujours avec nous, comme si elle était à côté de nous. Il faut savoir la gérer, ne pas se faire dépasser par elle", analyse-t-il.

 

Une course d'orientation à 160 km/h

Le Dakar n'est pas qu'une question de vitesse. "Il y a une partie de navigation. Ce n'est pas fléché, c'est comme une course d'orientation dans le désert en allant le plus vite possible", explique le pilote. "On a un 'roadbook', un livre de route avec différentes informations, des caps à suivre à la boussole...".
Un exercice de concentration intense, alors que la moto file à une vitesse moyenne de plus de 100 km/h, avec des pointes bridées à 160 km/h.

Malgré la compétition et l'enjeu, un esprit de corps règne sur le bivouac. "Le rallye est une grande famille", assure Neels. "Il y a une belle entente. Nous, les motards, nous sommes les plus vulnérables. Il y a un vrai respect, la sécurité prime avant tout".
Rendez-vous est pris le 3 janvier pour le grand départ de cette nouvelle aventure.