« Les Amazones c’est un projet photographique engagé d’abord pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein », explique Caroline Malatrait. Photographe professionnelle, elle a offert une quinzaine de séances à des femmes atteintes de la maladie. Chaque modèle est reparti avec ses photos, mais une image a été choisie pour figurer dans l’exposition.

Très investie dans la photographie féminine, Caroline Malatrait a constaté « cette faille que beaucoup de femmes portent sur leur image, leur identité, leur féminité ». Le cancer du sein touchant une partie si symbolique du corps, elle a voulu mettre son savoir-faire au service d’une cause forte : « Je voulais aider ces femmes à se réconcilier avec leur image, même si ce n’était pas une tâche facile. J’étais consciente de la responsabilité qu’elles me confiaient. »

 

 

Chaque séance s’est construite sur l’écoute et la confiance. « On commençait par se téléphoner, puis la séance pouvait durer jusqu’à trois heures. Il fallait apprendre à connaître la personne pour que la photo lui ressemble. Pour ce projet, je n’ai jamais imposé ma vision artistique, c’était une collaboration », précise la photographe martégale.

Au travers des jeux de lumières qu’est la photographie, le but de Caroline Malatrait était de raviver la lumière sur le visage de ses modèles. Avec des colorimétries douces, elle sublime leurs cicatrices et les transforme en une partie intégrante de leur identité et de leur histoire. « Elles ne sont ni jolies ni laides, elles sont une partie intégrante de leur corps et de leur personnalité. Le plus important est que la femme se reconnaisse dans sa photo et que ses proches puissent la voir puissante et heureuse. »

 

« La maladie ne m’a pas enlevé ma lumière »

 

Parmi ces modèles, Vanessa a accepté de poser. Son portrait, choisi comme visuel officiel de l’exposition, est devenu pour elle une véritable révélation.

« J’ai rencontré caroline grâce à une annonce sur les réseaux. Son projet m’a immédiatement attirée. Lors de notre première rencontre, elle m’a accueillie avec beaucoup de bienveillance. On a parlé, ri, pleuré. Je me suis sentie tout de suite en confiance », raconte-t-elle.

Voir son image en grand format a été choc :  « Je ne pensais pas que ça rendait aussi bien. Quand j’ai découvert l’affiche, j’ai été bouleversée et très fière. Ça aide vraiment à la confiance en soi, surtout quand on perd ses cheveux ou ses cils à cause de la maladie. »

 

 

A travers ce projet, Vanessa voulait transmettre un message fort : « La féminité n’est pas définie par les attributs féminins. On peut être en parcours de soins, sans cheveux, et rester jolie et lumineuse. La maladie est là, mais elle ne me définit pas. Elle ne m’a pas enlevé ma lumière. J’ai été très émue de retrouver cette lumière à travers l’objectif de Caroline. »

Aujourd'hui, son regard est tourné vers l'avenir :  « La maladie ne m’empêche pas d’être heureuse. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, mais je refuse de me laisser emporter. Je veux montrer qu'on peut être touché par une maladie grave et continuer de rayonner malgré tout. »

Soutenue par le Club Khariessa et le Zonta de Martigues, l'exposition Les Amazones sera dévoilée lors d'un vernissage le vendredi 10 octobre à 18h à la villa Khariessa (entrée libre). Les portraits rejoindront ensuite l’hôpital de Martigues, au deuxième étage, là même où certaines participantes poursuivent leurs soins. « J'aimerais que le public prenne conscience de l'importance du dépistage. Et pour celles qui sont actuellement touchées par le cancer, qu'elles se rappellent de leur force », confie Caroline Malatrait.