A bientôt deux ans, sa golden retriever, Uma, garde la folie des tout petits et donne "l'impression de sourire tout le temps", confie Clément, 36 ans. Une joie communicative qui, dans l'ancienne entreprise du trentenaire, "attirait spontanément les collègues dans (son) service qui venaient la voir et boire un café".

Grâce à elle, "j'ai parlé pour la première fois à plein de gens à qui je n'avais jamais dit un mot avant", s'amuse encore le commercial qui sillonne désormais le centre de la France pour son nouvel emploi, avec sa chienne dans sa voiture de fonction quelques jours par mois.

Même si Uma est "capable de rester seule à la maison pendant neuf heures", Clément demande désormais en entretien d'embauche si "sa présence au travail est possible". "C'est devenu un critère déterminant", admet le trentenaire.

Selon un baromètre publié en mars par Actinéo, "ouvrir les bureaux aux animaux de compagnie" est une des nouvelles tendances qui émerge: pour 19% des actifs sondés, "leur présence les inciterait à venir plus souvent" au bureau.

Et le droit du travail joue en leur faveur puisqu'il "n'interdit pas explicitement la présence d'animaux sur le lieu du travail", relève Gildas Neger, docteur en droit, dans une note. C'est au règlement intérieur d'une entreprise de fixer les règles (interdiction, autorisation sous conditions).

Les autoriser participe, selon Jean-François Amadieu, professeur de gestion des ressources humaines, "à faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie privée".

 

Apprenti chien guide

 

Et "avoir son chien ou son chat au travail a des effets sur le collectif. Ca permet de créer du lien social, renforcer les relations, les rendre plus simples, plus sympas et informelles", salue Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet spécialisé Empreinte humaine.

C'est "un placebo psychologique" qui permet d'avoir "des gens moins stressés", relève M. Nguyen.

"Est-ce que c'est la solution à tous les problèmes liés au travail ? Bien sûr que non. Est-ce que ça a un effet bénéfique ? Il y a des études qui le montrent", poursuit le spécialiste interrogé par l'AFP, qui rappelle "la production d'ocytocines - l'hormone du bonheur -, l'augmentation de la dopamine" induites.

Dans le cabinet d'avocat parisien qu'il dirige, "l'idée c'est que tout le monde soit bien" et "les animaux participent à ça", abonde Charles Joseph-Oudin, qui y vient accompagné de Malice, son cocker anglais.

"Le jeudi, quand on déjeune tous ensemble, les quatre chiens et le chat sont avec nous dans la salle à manger", et "à 11H00, c'est la grande pause où on va promener les bestioles", raconte-t-il.

Les animaux sont aussi "un instrument de dialogue et de convivialité" avec les clients, assure Charles Joseph-Oudin. "Quand on reçoit des gens qui sont très malades, avec des enfants, en situation difficile, Malice vient, fait des sourires... On parle du chien. C'est quelque chose d'assez apaisant", dit l'avocat spécialisé en droit de la santé.

Pour Mireille, l'arrivée d'Aribo, labrador de trois mois, a aussi été un bon moyen de sensibiliser à la question du handicap au sein de sa structure, la Chambre de commerce et d'industrie du Loiret.

Bénévole dans une association, elle doit accompagner le chiot dans ses apprentissages qui le destinent à devenir un chien guide.

"Pour qu'il puisse s'imprégner de tout et n'avoir aucune crainte par la suite, je prends les transports en commun avec lui, l'amène des journées entières au bureau, je fais en sorte qu'il entende différents bruits", explique la sexagénaire. In fine, "une personne en déficience visuelle doit pouvoir compter sur Aribo pour sortir de chez elle en restant confiante, sans craindre de tomber" par exemple.

Une mission validée par sa hiérarchie comme par ses collègues, "séduits par cette petite peluche" dont ils commentent les moindres faits et gestes.

 

© Agence France-Presse (par A. Tosunoglu)