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Justice
Marseille : une affaire d'enlèvement illustre la "violence inhérente" aux trafics de drogue3min
Par Maritima 24/10/2025 à 06:46
Enlèvements et séquestrations avec comme toile de fond un des plus gros réseaux de stupéfiants à Marseille: quatre hommes étaient jugés jeudi pour le rapt de deux mineurs, niant les accusations dans une affaire mettant en lumière "la violence" des réseaux des quartiers Nord.
Les faits remontent à l'été 2019. Dans la cité des Oliviers, au cœur d'un quartier déshérité du 13e arrondissement, un des plus gros points de deal de Marseille est démantelé par la police.
Les quatre hommes qui comparaissaient devant le tribunal correctionnel sont accusés d'avoir brièvement enlevé, le 14 juillet 2019, deux mineurs transportés dans le coffre de leur voiture.
L'ADN d'une des victimes a été retrouvé sur la moquette du coffre. Et celui d'un des agresseurs sur le volant et le levier de vitesse.
C'est un "renseignement anonyme" qui inscrit l'enlèvement dans le cadre du trafic: les deux jeunes auraient tenté de "doubler" les responsables du réseau en vendant des stupéfiants "pour leur propre compte", a rappelé la présidente du tribunal.
"Les trafiquants prennent très au sérieux les tentatives de concurrence et n'hésitent pas à recourir à des tentatives radicales pour dissuader ceux qui viennent empiéter sur leur territoire", a indiqué la procureure qui a requis jusqu'à dix ans d'emprisonnement avec maintien en détention et une interdiction de séjour à Marseille pendant cinq ans.
Elle pointe du doigt "la violence inhérente au trafic", rappelant que le chiffre d'affaires du point de vente des Oliviers était estimé "entre 60.000 et 80.000 euros par jour."
Une des victimes a été blessée par balle au pied par un ravisseur, qui à plusieurs reprises tentait de charger son pistolet enrayé. Dans ce procès, où tout le monde patauge plus ou moins dans le trafic, plusieurs zones d'ombres: les deux victimes, détenues dans d'autres affaires, n'ont jamais identifié les ravisseurs.
Les prévenus, qui comparaissent détenus, nient toute implication. Ils sont accusés d'"enlèvement et de séquestration" et de "violences aggravées par trois circonstances -l'arme, la réunion, le guet-apens".
"Filière cocaïne"
Mehdi A., 29 ans, est suspecté d'avoir été au volant du véhicule. Ex-vendeur dans un magasin de chaussures, il dit avoir plongé dans le trafic en 2020 car il n'y avait "plus d'échappatoire" en raison de la crise économique déclenchée par le Covid.
En mars 2024, la justice l'avait condamné à cinq ans de prison, le considérant comme responsable "de la filière cocaïne et MDMA" des Oliviers. Il était chargé d'assurer "une livraison à flux tendu avec le point de vente". "La confiance du réseau" lui conférait "un rôle de banquier."
Il est visé depuis décembre 2024 par une enquête pour des faits d'extorsion et de meurtre, a rappelé le tribunal.
"Peut-être que je suis devenu une personne qui a les pieds dans la criminalité organisée", admet-il. Il nie toute affiliation à un "clan Marseillais".
"J'ai grandi dans un quartier où je sais qu'il y a du trafic. Peut-être que si j'avais grandi à Neuilly…".
Parmi les autres prévenus, un vendeur et deux guetteurs, dont Sadam Y., condamné à huit ans de prison pour une fusillade en mai 2021.
© Agence France-Presse
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