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Marseille horrifiée après le meurtre d'un 2e frère de l'écologiste Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme3min
Par Maritima 14/11/2025 à 14:03
"Changement de dimension", "bascule criminelle": Marseille est vendredi sous le choc après le meurtre d'un deuxième frère d'Amine Kessaci, militant écologiste de 22 ans engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, le parquet n'excluant pas l'hypothèse d'un assassinat d'avertissement.
Jeudi, aux alentours de 14H30, Mehdi, frère cadet âgé de 20 ans et qui voulait devenir policier, a été abattu par balle près de la plus grande salle de concert de la deuxième ville de France.
En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat de Brahim, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.
Concernant l'assassinat de Mehdi, l'enquête ne fait que débuter. Seule certitude: il s'agit d'une "victime innocente", selon une source proche de l'enquête. Le parquet a indiqué qu'il était totalement inconnu des services de police et de justice.
Ce drame relance le débat sur la dangereuse lutte contre le narcobanditisme dans cette ville régulièrement secouée par des narchomicides et la guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de stupéfiants.
Le procureur Nicolas Bessone n'exclut pas l'hypothèse d'un assassinat d'avertissement visant à atteindre Amine Kessaci, qui était sous protection policière depuis quelques semaines, selon une source proche de l'enquête.
"Si tel devait être le cas, on aurait franchi une étape supplémentaire. Ca rappelle un certain nombre de périodes terribles connues dans notre pays, où vous allez assassiner des gens, simplement parce qu'ils sont membres d'une famille avec laquelle vous avez des problèmes", a-t-il estimé sur Franceinfo.
"Si l'hypothèse d'un assassinat d'avertissement, destiné à décourager Amine de son engagement contre le narcotrafic qui gangrène notre ville, était confirmée, nous serions devant un changement de dimension absolument terrifiant, où l'on méprise la vie pour des menaces, de l'argent ou du pouvoir", s'est inquiété le maire divers gauche Benoît Payan dans un communiqué envoyé à l'AFP.
"Nous devons considérer ce mal comme une pieuvre qu'il faut attaquer à tous les niveaux: il faut des renforts policiers, des magistrats, des enquêteurs", a-t-il ajouté. La classe politique locale a d'ailleurs unanimement fait part de son effroi comme l'écologiste Sébastien Barles qui parle de "bascule criminelle".
"Museler la parole"
La préfète de police déléguée des Bouches-du-Rhône, Corinne Simon, a assuré de son côté que l'enquête était "une priorité" pour retrouver les auteurs. Mehdi, à bord de son véhicule, a été abattu par deux hommes à moto alors qu'il venait de se garer.
Concernant Amine Kessaci --qui en 2024 manquait de peu d'être élu député face à une candidate Rassemblement national-- la menace le visant n'a pas été identifiée précisément, selon la source proche de l'enquête.
Mais elle intervient dans le contexte de la parution de son livre qui est une sorte de longue lettre adressée à son grand frère Brahim, qui n'avait pas le même père que lui, avec ce sous-titre "Vivre et mourir en terre de narcotrafic". Avec la perspective du procès attendu en 2026 des assassins présumés de Brahim et de deux autres hommes tués avec lui.
Malgré cela, Amine Kessaci, qui avait créé l'association Conscience pour aider les familles de victimes de narchomicides, tentait de rester actif dans sa ville. Fin octobre il était sur le Vieux-Port pour une opération de tractage avec les écologistes.
"Amine paie le prix fort pour son combat", a réagi auprès de l'AFP Karima Méziène, avocate de familles de victimes de narchomicides et qui a elle-même perdu son frère dans un règlement de comptes.
"On s'en prend à une famille pour museler la parole, ça va refroidir pas mal de monde", déplore cette militante, dénonçant "des méthodes de la mafia italienne".
A Marseille, la criminalité ne cesse de franchir des paliers dans l'horreur: avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, puis les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal.
Les auteurs aussi sont de plus en plus jeunes. Il y a un an, un adolescent de 14 ans à peine, recruté pour 50.000 euros, était arrêté après avoir tué un chauffeur VTC et père de famille, avant même d'approcher sa cible initiale.
Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.
© Agence France-Presse (par T. Gamal-Gabriel)
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