C’est une tradition que tous les amoureux de la Provence et des saveurs iodées attendent avec impatience. Depuis le 15 décembre, la pêche à l'oursin est officiellement ouverte dans les Bouches-du-Rhône. Mais, attention, pour savourer la fameuse "châtaigne de mer" et préserver cette ressource fragile, il faudra respecter des règles strictes. Car l'oursin se fait de plus en plus rare sur nos côtes. Quand les conditions météo sont favorables, on peut encore en acheter sur le marché au poisson du petit port de Carro, directement à l'arrivée du bateau des pêcheurs professionnels. Alors, leur première sortie en mer hivernale a-t-elle été récompensée par de beaux oursins bien pleins ?

 

Reportage à Carro, dans cette vidéo.

 

(Interviews, images et montage : Rémy Reponty pour Maritima Médias.)

 

"Pas à bloc, mais aucun de vide !" : le soulagement des pêcheurs professionnels

Pour les professionnels, cette ouverture est un moment de vérité. Nicolas Tillet, pêcheur d'oursins professionnel à Carro, ne cache pas une certaine satisfaction après sa première sortie. "Aujourd'hui, c'est la première journée d'essai pour voir si les oursins sont là et comment ils sont. On en ouvre quelques-uns pour voir… ils sont pas mal ! C'est pas à bloc, mais ils sont moyens et surtout, il y en avait aucun de vide, ce qui est plutôt une bonne nouvelle", confie-t-il au micro de Maritima.

Une bonne nouvelle rassurante, car la fenêtre de tir est étroite. La réglementation impose désormais une saison raccourcie pour laisser le temps à l'espèce de se régénérer. "La saison est courte, elle part du 15 décembre à fin février. Si on tombe sur une semaine ou 15 jours de vent de sud-est pendant les fêtes, on a déjà perdu tout décembre", s'inquiète Nicolas Tillet, qui espère à présent que la météo sera clémente pour satisfaire les commandes de Noël et du Jour de l'An.

 

Réglementation : ce qu'il faut absolument savoir avant de se mettre à l'eau

Si la dégustation est un plaisir, la récolte, elle, ne s'improvise pas. Dans les Bouches-du-Rhône, la préfecture serre la vis pour éviter la surpêche. Voici les règles d'or à respecter scrupuleusement pour éviter que l'oursin ne disparaisse pas de nos fonds :

• Le calendrier compte : la pêche est autorisée uniquement du 15 décembre 2024 au 29 février 2025. En dehors de ces dates (du 1ᵉʳ mars au 14 décembre), c'est repos biologique total pour l'espèce.

• La taille compte, pas question de ramasser les "bébés". La taille minimale de capture est fixée à 5 cm hors piquants. Il faut savoir que la croissance est lente : il faut 7 à 9 ans pour qu'un oursin atteigne cette taille !

• Les quotas pour les loisirs :

  • À pied ou en pêche sous-marine : vous êtes limités à deux douzaines d'oursins par personne et par jour.

  • En bateau : la limite est la même par pêcheur, mais plafonnée à cinq douzaines par navire et par jour dès lors qu'il y a plus de deux personnes à bord.

 

Pourquoi tant de précautions ?

Ces mesures n'ont pas été édictées pour gâcher la fête, mais pour la sauver. Les suivis scientifiques réalisés depuis près de 30 ans par le Parc marin de la Côte Bleue (PMCB) sont formels : on observe une diminution des densités d’oursins sur plusieurs sites.

L'oursin violet (Paracentrotus lividus) est un animal sédentaire et herbivore, grand amateur d'algues et de Posidonie. En limitant la pêche pendant sa période de reproduction (printemps-été-automne), on permet aux gonades – le fameux corail que l'on déguste – de se reconstituer et à l'espèce de se reproduire.

Le plaisir intact des amateurs

Malgré ces restrictions nécessaires, le plaisir de la dégustation reste le même. Laurent, un vacancier de passage à Carro, a eu le nez fin en tombant pile le jour de l'ouverture. "Ça fait un petit moment que je veux manger des oursins… Je ne m'étais pas renseigné qu'il y avait réellement une saison officielle, donc si c'est aujourd'hui le premier jour, c'est parfait !", sourit-il, avouant les préférer "à la petite cuillère", tout simplement.

Attention à la note salée !

Pour les contrevenants qui seraient tentés de braver l'interdit, l'addition peut être bien plus lourde qu'un plateau de fruits de mer. Le non-respect des règles (dates, tailles, quotas) est un délit. Les amendes peuvent grimper jusqu'à 22 500 €. Le matériel de pêche, la récolte, et même le navire utilisé peuvent être saisis par les autorités.